Des alpinistes à l’assaut de l’église de Comines-Warneton

daria signeeMEMENTO – Peut-être vous rappelez-vous les tempêtes successives qui défilèrent en Europe occidentale en janvier et février 1990. Elles ont en effet marqué les esprits car certaines ont été d’une force incroyable, la vitesse du vent battant son record d’intensité en Belgique. Le 25 janvier 1990, la dépression Daria balaya d’un vent de près de 170 km/h l’Irlande et le Nord de la France avant de déclencher la tempête du siècle en Belgique, dévastant des forêts entières, détruisant le réseau électrique, arrachant les toits… et même la croix et le coq qui surplombaient fièrement l’église Saint-Chrysole de Comines-Warneton. La croix envolée retomba sur le toit et perça la toiture de la nef.  Il fallut donc ensuite songer à effectuer des réparations et à remplacer la flèche.

eglise co warneton signeeMais ce remplacement n’allait pas être une mince affaire. En effet, le faîte du clocher culmine à près de 65 mètres d’altitude, et n’y monte pas qui veut ! Au début, on a pensé à utiliser des moyens techniques : des échafaudages, une grue avec nacelle, et même un hélicoptère. Mais tout cela coûtait très cher… Et puis l’idée de faire appel à des alpinistes a fait son chemin. On consulta une société française, basée à Croix et spécialisée dans les travaux à accès difficiles, ce qui compliqua d’ailleurs la poursuite du projet : une société française faisant des travaux en Belgique, mon Dieu, voilà qui allait nécessiter des autorisations supplémentaires et des dérogations – nous sommes, vous le savez, follement administratifs. Toutefois, la persévérance étant toujours payante, les autorités de tutelle finirent par donner leur accord, le contrat avec la société française fut enfin signé, et on put commencer les travaux.

Nous étions déjà au mois d’août 1992. L’école technique Saint-Joseph avait restauré le coq, qui en tombant s’était retrouvé tout cabossé. Mais il fallut forger une nouvelle croix, celle que Jules Gathem avait construite en 1924 ne pouvant être réutilisée. Quand aujourd’hui, on la regarde depuis le parvis, on ne soupçonne pas qu’elle mesure trois mètres et pèse 68 kg.

Avant de la hisser avec le coq sur le faîte du clocher, encore fallait-il préparer l’ascension. C’est cette fois la société française qui se met au travail. Dès le début du mois d’août, un filin est installé le plus haut possible du clocher. On y accroche une échelle de corde pour pouvoir gagner quelques centimètres et réitérer l’opération pour monter plus haut encore. Ainsi peut-on enfin attacher au sommet la corde que les alpinistes vont utiliser. Avant que l’escalade commence, il faut aussi forger et attacher les fixations dans lesquelles se logera la croix.

coq signeeLe mercredi 12 août 1992, il y a donc exactement 27 ans, il est 15 h lorsque Philippe Potier part à l’assaut du clocher, avec à la ceinture la partie inférieure de la croix. Elle pèse à elle seule 40 kg et rend l’ascension très difficile physiquement. Pourtant, l’artisan-acrobate parvient à installer l’élément dans son logement. Gêné par le vent très violent qui souffle ce jour-là, il ajourne cependant au lendemain la fixation de l’autre partie de la croix. Il ignore que le vent sera tout aussi fort le lendemain et qu’il devra en plus affronter une pluie battante. Néanmoins, à l’aide de son second, B. Desauw, il parvient à achever le jeudi l’installation de la croix, au prix d’un effort physique important, vous vous en doutez. Reste le coq.

Une fois béni sous les yeux d’une foule de Cominois massée devant l’église, Philippe Potier entreprend une nouvelle ascension, accompagné par la volée joyeuse des cloches. Une fois le coq mis en place, l’équipe procède aux finitions, mettant ainsi un terme à trois semaines de travail.

Il y a trois ans, c’est sur l’église Saint-Riquier  à Heuringhem que Philippe Potier installa un nouveau coq, l’ancien étant lui aussi tombé de son perchoir. Et cela, toujours sous les acclamations et les applaudissements de la foule.

A propos Marie-Anne Morel-Sferruzza

Rien de bien spécial... Cominoise de naissance, de coeur et d'âme.
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