Des commerces à la longévité étonnante

Ils ont su traverser les âges, faire fi de la concurrence et surmonter les caprices de l’économie et des consommateurs. Certains commerces cominois ont eu et ont parfois encore une étonnante longévité. Souvent transmis de génération en génération (aujourd’hui, c’est beaucoup plus difficile, les enfants quittant souvent leur port d’attache pour mener leur vie ailleurs), ils ont su, de décennie en décennie, rester fidèle à une exigence de qualité, tout en se renouvelant au fil du temps pour répondre aux attentes de leurs clients.

Lors de notre promenade dans le temps et le long de la rue d’Hurlupin, vos commentaires ont prouvé que les magasins sont partie intégrante de notre patrimoine. Nous n’y avons pas juste acheté des objets. Nous y avons aussi fait des rencontres, et leur seule évocation fait resurgir des souvenirs qu’on croyait parfois oubliés.

J’ai fouillé dans ma petite mémoire, et c’est dire si ce qui va suivre est très incomplet (n’hésitez pas, d’ailleurs, à enrichir la liste.) Mais quand même, quand on recherche les commerces qui ont animé le plus longtemps la vie cominoise, on trouve un certain nombre de magasins à la longévité plus que cinquantenaire :

Un des plus anciens, né en 1905 et toujours en activité, le Café Au Sapeur, est ainsi dans le feu de l’action 115 ans plus tard ! Ça mérite bien une bière, non ?

  1. Deburck, le petit tailleur dont l’échoppe se tenait avant la première guerre mondiale juste après le pont, aurait-il pu imaginer que plus d’un siècle plus tard, sa descendance, sur cinq générations, gèrerait plusieurs boutiques, faisant de sa petite échoppe une véritable institution cominoise ?

La boulangerie Becquart a pétri le pain quotidien des Cominois pendant un siècle aussi, puisqu’elle est née en 1887. Ça en fait, des boulots, des baguettes et des brioches !

Dans le palmarès, il ne faudrait pas oublier la marbrerie Vandermarlière, qui a ouvert en 1931, et qui a donc 79 ans mine de rien. La qualité de ses prestations l’a fait connaître bien au-delà de notre ville, et cet établissement presqu’octogénaire n’a pas fini de faire parler de lui.

À peine plus jeune, à 72 ans à peine (un jeunot, n’est-ce pas ?), le magasin de meubles Loyer, dont je vous ai raconté l’histoire l’autre jour, poursuit allègrement son chemin, lui aussi. Et ce n’est pas fini, puisque l’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour Hervé Loyer.

Un autre commerce a duré à peu près aussi longtemps que lui, et même s’il n’existe plus, il n’est certes pas effacé de nos souvenirs : c’est le chausseur Carlos Roger et fils, qui nous a proposé des chaussures de qualité pendant 71 ans.

Le studio Béghin fait aussi partie de ces établissements à l’étonnante longévité, puisque son aventure, démarrée rue du château par le père, s’est achevée 64 ans plus tard, quand son fils Jean-Paul a pris sa retraite.

64 ans, c’est aussi le temps qu’a vécu à Comines l’établissement Simoens, rue de Quesnoy. Ouvert en 1923 par Jules et Rachel Simoens, il fut transformé et repris en 1957 par leur fils Emile, avant d’être transféré à Wervicq en 1987, par le fils de celui-ci.

Quant aux Fleurs de Nice, elles ont parfumé nos vies pendant 60 ans, puisque l’établissement chouchou des Cominois est né en 1936. Nous sommes nombreux à le regretter encore, bien qu’il ait fermé son rideau il y a 24 ans déjà.

« Aux Fleurs de Nice » a en commun avec le magasin Déan sa longévité. L’aventure de l’établissement Joseph Déan a commencé sur la place avant que l’électricien ne s’installe rue d’Hurlupin en 1936. Peu à peu, il se lance également dans le commerce de l’électroménager. Certains Cominois se rappellent que le 2 juin 1953, à une époque où les télévisions étaient rares dans les foyers, ils se sont agglutinés devant la vitrine pour assister en direct au couronnement de la reine Élisabeth II grâce aux petits écrans disposés à cet effet dans la vitrine. L’expérience fut renouvelée lors d’autres événements importants. Repris par le fils, Jean Déan, puis laissé, à la retraite de celui-ci, en location-gérance, à M. Cordonnier puis à M. Spriet, on fêta pendant une fête des Louches le 60e anniversaire de ce magasin qui fut l’un des fleurons du commerce cominois de son temps.

Et à cette liste incomplète des commerces de plus de 50 ans, j’ajoute également la boucherie Courouble, importée de Wervicq-Sud en 1957 et encore ouverte aujourd’hui. Elle a 53 ans.

Bien sûr, je ne peux que souhaiter une très longue vie à TOUS les magasins cominois, qu’ils soient jeunes ou anciens. À Comines comme ailleurs, tenir un magasin est considérablement et incontestablement plus difficile nos jours, car le commerce a évolué vers de nouvelles formes de vente, comme le e-commerce ou les grandes surfaces, qui sont de redoutables concurrents. Nous regrettons tous l’activité commerciale vivifiante qui régnait rue d’Hurlupin, mais ne soyons pas dupes : redonner une chance au petit commerce suppose bien sûr que les habitants privilégient l’artisanat et le commerce locaux, et ne cèdent pas si facilement à la tentation des hypermarchés et des achats sur internet…

Quand le temps du déconfinement sera venu, il faudra nous en souvenir pour apporter notre soutien aux commerces de proximité, particulièrement affectés et fragilisés par leur fermeture prolongée.

 

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Paul Carissimo, mémoire vivante de Comines

  Il était le descendant d’un immigré italien venu s’installer à Comines lors de la guerre de cent ans, au XVIIe siècle, mais surtout, c’était un grand conservateur de l’histoire de notre ville. Il y a deux ans aujourd’hui, Paul Carissimo nous quittait, à l’âge vénérable de 95 ans. Naguère négociant en bois (sa scierie se situait au bord de la Lys), il joua un rôle très important dans la vie culturelle cominoise.

C’est lui en effet, qui, avec MM. André Schoonheere et Jean Ravau, fonda l’association Les Amis de Comines, dont le but est de défendre et de promouvoir le patrimoine culturel de notre ville, et à qui est aussi confiée la tâche d’assurer la préservation de certains vestiges du passé.

  Depuis, Paul Carissimo était devenu une discrète mémoire vivante de l’histoire de Comines, dont il avait rassemblé des souvenirs très divers, et dont il tenait des archives personnelles. C’était aussi un grand collectionneur : féru d’histoire, mais aussi de technologie, de numismatique et d’astrologie, il avait même rassemblé chez lui de nombreuses machines à vapeur miniatures.

Jusqu’à la fin, il s’intéressa à la ville de Comines et à ses habitants avec passion. Et malgré toutes ses connaissances, jamais il ne voulut, à l’instar de son ami André Schoonheere, se lancer dans l’écriture de publications historiques. Par contre, il aidait volontiers dans l’ombre par des conseils amicaux, des explications pertinentes et les documents qu’il avait rassemblés les personnes qui, comme Michel Sence, se lançaient dans cette difficile entreprise.

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Des maisons juste devant le porche de l’église de Comines !

De toutes les photos de la Collection Sence que j’ai eu le plaisir d’admirer, certaines m’ont beaucoup étonnée, et parmi elles, cette vue incongrue de la grand-place. On peine à y admirer la façade de l’église, car une rangée de maisons en bouche presque la vue. Quelle drôle d’idée de les avoir construites là !

Pour en savoir plus sur ces édifices, il convient de remonter dans le temps, assez loin pour tout dire, car c’est au XVIIe siècle que tout commence. À cette époque, les baillis occupent une place très importante dans la vie des communes. Ce sont des officiers, tour à tour publics et domaniaux, qui incarnent l’autorité comtale. À Comines, en 1621, le grand-bailli s’appelait Monsieur de Cerfontaine. C’est lui qui demanda à l’évêque de Tournai l’autorisation de récupérer une partie du cimetière qui à l’époque jouxtait l’église, pour y faire construire des maisons. Cette requête fut accordée. Le terrain à vendre fut alors délimité. Il s’étendait de l’ancien hôtel de ville à la cour de l’hôpital (c’est-à-dire à l’entrée du jardin public actuel.) Les terrains furent vendus aux enchères ; et les nouveaux propriétaires prirent à leur charge la démolition du mur qui clôturait le cimetière.

Tous ces travaux avaient pour but d’embellir la place de Comines, mais aussi de trouver de nouvelles ressources pour éponger les dettes de l’église, laquelle avait été saccagée pendant les guerres de religion et venait d’être reconstruite. C’est aussi cette année-là d’ailleurs, en 1623, que la restauration du beffroi fut achevée (d’où la date inscrite sur la façade de celui que nous pouvons admirer aujourd’hui.)

Seulement, plusieurs siècles plus tard, à la fin du XIXe siècle, la politique d’urbanisation est tout à fait différente. On essaie de dégager des espaces spacieux, comme la place du Château et celle du Rond-Point (l’actuelle place de la Liberté.) Et évidemment, le conseil municipal se penche alors sur le cas de la Grand-Place. Elle est vraiment très incommode : devant l’église trônent toujours les six constructions, dont certaines sont devenues des commerces. Et un peu plus loin (devant l’actuel hôtel de ville), sont bâties d’autres habitations. Bref, impossible, dans l’espace étriqué qui se dégage d’entre ces édifices, d’organiser des rassemblements. Cela fait au moins cinquante ans que les Cominois espèrent voir disparaître ces maisons devant l’église, mais l’affaire n’est pas si simple. En 1902 seulement, la commune parvient enfin à racheter la quincaillerie, le débit de tabac et la pâtisserie. Mais il fallut encore attendre deux années pour obtenir la cession du cabaret du Soleil et pour procéder à l’expropriation du cabaret du Damier et de la maison particulière restante. Enfin, on allait pouvoir tout raser !

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2020-1920 – Un émouvant anniversaire pour Comines

Nous avons cette année un anniversaire important à célébrer. Car il y a exactement un siècle, et pendant une grande partie de l’année 1920, le déblaiement des ruines de notre ville était entrepris à grande échelle. Commençait alors la reconstruction de la ville. Le cœur de Comines se remettait à battre, et avec quelle dignité !

J’ai souvent pensé au traumatisme des Cominois qui, revenus d’exil, ont découvert leur ville détruite, leur maison bombardée, leur cadre de vie défiguré. À tous ceux qui ont aussi perdu, dans un conflit qui les dépassait, tout un pan de leur vie. Mais voilà : c’est dans la douleur que s’exprime souvent la grandeur de l’homme. Il fallait bien continuer à vivre, malgré les dégâts matériels et la douleur d’avoir perdu qui un père, qui un frère, qui un mari.

Les premiers à découvrir le triste état de Comines, ce furent les agriculteurs et ceux qui avaient été évacués dans la région de Roubaix-Tourcoing. À leur retour, évidemment, il était impossible de reprendre le mode de vie d’avant-guerre. Les hommes se firent embaucher dans les entreprises chargées de déblayer les décombres. Il fallait aussi retirer des ruines tout ce qui était susceptible d’être récupéré et réutilisé. Les jeunes s’employèrent eux aussi : ils recherchèrent les briques épargnées et les nettoyèrent pour qu’on puisse s’en servir à nouveau, au moins dans les fondations des nouvelles maisons. Impossible en effet d’acheter des briques immédiatement : il fallait bien attendre que les briqueteries de la région se remettent à produire.

Beaucoup d’ouvriers du textile travaillèrent à cette époque-là dans des secteurs très différents : la plomberie, la menuiserie, la couverture des toits. Un peu à la fois, le phénix allait renaître de ses cendres. Pensons-y quand nous nous promenons dans les rues…

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À la reconstruction, Comines est redessinée et prend un autre visage…

Comme vous le savez, la ville de Comines a été quasiment rasée pendant la Première Guerre mondiale. Autant dire qu’au moment de la reconstruction, tout était à refaire. La question qui se posa donc fut celle-ci : Allait-on la rebâtir à l’identique ou devait-on profiter de ce grand terrain vague pour redessiner la ville ?

Cette deuxième option séduisit davantage. C’était évident pour tout le monde, il fallait tirer profit de la destruction massive (à quelque chose malheur est bon) pour modifier les rues et les places, pour éventuellement en créer de nouvelles, pour élargir les voies principales et situer plus judicieusement dans la ville les établissements publics.

Oui, mais comment ?

Plusieurs projets furent étudiés, qui allaient dans ce sens et posaient directement la question de la situation de la place et des bâtiments communaux.

Mais comprenez bien qu’il fallait évidemment tenir compte du coût que ces travaux allaient engendrer, car redessiner la ville supposait qu’on procède à de nombreuses expropriations. D’ ailleurs, à la fin de la reconstruction, certains travaux furent subventionnés à hauteur de 70 %, mais d’autres jugés trop onéreux, furent entièrement laissés à la charge de la commune. (On n’apprécia pas que celle-ci refuse de laisser la RD 14 –qui va d’Armentières à Wervicq- traverser la ville.)

Mais revenons à nos moutons… Un des projets consistait à former un grand espace formé au nord par la Lys, au sud par la rue de la République et celle du Château, à l’est par la rue de la Distillerie (voire de la Lys), et enfin à l’ouest, par une nouvelle rue, qui serait un prolongement de la rue des Écoles et qui descendrait jusqu’ à la Lys. Sur la carte ci-contre, cela correspond à peu près au cadre rouge. Dans cet espace devaient se trouver réunis l’église, la mairie, la poste, la caisse d’épargne, les pompiers, la police, les écoles publiques, le jardin public, et autres services communaux. Toujours dans ce projet, le beffroi serait reconstruit là où il était situé avant-guerre : en haut de la rue d’ Hurlupin.

Un autre projet, beaucoup plus réformateur, consistait à créer une place dans la rue d’Hurlupin, au bout de la rue Pasteur, et d’y reconstruire l’église. Cela permettrait un accès direct au cimetière, et la rue d’Hurlupin, non seulement était la voie la plus ancienne de la rue, mais aussi était une des plus importantes, des plus animées.

D’ autres projets surgirent de la longue réflexion qui fut menée entre 1919 et 1922, et à laquelle de nombreuses personnes participèrent : les édiles, évidemment, mais aussi des notables, des entrepreneurs, le doyen, les propriétaires menacés d’expropriation… Les votes se multiplièrent, car on ne bouleversait pas aussi facilement le plan cadastral, et il s’agissait aussi de ne pas défigurer le Comines d’autrefois. Le résultat final, qui fut décidé juste avant le début des travaux de reconstruction de l’hôtel de ville, vous le connaissez. Pour déplacer le beffroi, il fallut le déclasser temporairement. Mais vous avouerez que le face-à-face de Saint-Chrysole et de l’hôtel de ville-beffroi est des plus harmonieux. On peut toutefois regretter que la rue d’Hurlupin n’ait pas été davantage élargie : la circulation en serait aujourd’ hui facilitée. Mais pouvait-on tout prévoir ?

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Quand les entreprises foisonnaient à Comines…

Vous le savez, la machine à vapeur, et, bien plus tard, le développement de l’électricité, du pétrole, de la mécanique, de la chimie, ont permis à l’économie de se développer considérablement.

Jugez plutôt. Au recensement effectué par l’INSEE il y a exactement un an, Comines comptait 12.369 habitants. En 1881, 6637 personnes seulement y vivaient. Et pourtant, à cette même époque, l’industrie cominoise était extrêmement florissante. On a peut-être un peu de mal à se l’imaginer aujourd’hui, mais on y comptait

  • six usines de tissage (Logie, D’Ennetières, Demade, Deswaene, Froidure et Leroy ). 280 ouvriers y travaillaient :
  • cinq rubaneries, qui employaient à peu près 700 ouvriers ( Charles Catteau, Lauwick & Gallant, D’Ennetières, Schoutteten, Louis Catteau) ;
  • cinq retorderies de fil ( Cousin, Devos, Lambin, Sigier et Hassebrouck) ;
  • trois meuneries ;
  • trois entreprises de maçonneries ;
  • deux corderies ( Delevoye et Béaghe ) ;
  • deux blanchisseries ( Vandewynckèle et Blanquart) ;
  • deux teintureries ( Masquelier et Parent) ;
  • deux usines de lainages mélangés ( Gondrexon et Goeman) ;
  • deux brasseries ( Froidure et De Wulf) ;
  • deux huileries ;
  • une tannerie (Schoutteten) ;
  • une usine à gaz ;
  • une imprimerie ;
  • une usine de produits chimiques ;
  • une fabrique de chicorée ;
  • une distillerie d’alcool ;
  • une bonneterie

Autant dire que des ouvriers, on en cherchait, raison pour laquelle beaucoup de frontaliers venaient eux aussi se faire recruter.

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Quelques infos sur la série d’articles parus récemment sur l’église Saint-Chrysole

Les articles que j’ai publiés ces quinze derniers jours font partie, vous l’avez sans doute devinés, de l’audioguide réalisé en juillet 2018 par Michel Sence et moi-même, Marie-Anne Morel, membres de l’Association Saint-Chrysole.

Notre but était de vous permettre d’apprécier à sa juste valeur ce monument historique étonnant qu’est l’église Saint-Chrysole, à Comines. Riche par son histoire, audacieuse et déroutante par son architecture, fascinante par sa décoration, elle est un bel exemple de l’architecture d’après-guerre en voile de béton  et, sur le plan esthétique, de la tension entre traditionalisme et modernité qui se retrouve dans beaucoup d’églises construites après la guerre.

L’audioguide est totalement gratuit, et vous pouvez toujours y accéder depuis le site izi.travel, ou, mieux, en téléchargeant l’application sur votre smartphone. Quelques précisions d’importance :

Crédit photos

La quasi-totalité des photos publiées sur Sous le beffroi de Comines (ici) font partie de la Collection Michel Sence. Mais seules celles de la collection illustrent l’audioguide.

Sources 

– La reconstruction de l’église Saint-Chrysole de Comines-France par les architectes Maurice Storez et Dom Bellot (1922-1938), article d’André Schoonheere, paru dans les Mémoires de la société d’histoire de Comines-Warneton et de sa région, année 1980, tome X, fascicule 2

– Notes de Paul Carissimo, membre des Amis de Comines.

– Chrysole de Comines: un saint du IIIe ou du XIIIe siècle, article de Nicolas Huyghebaert, paru dans les Mémoires de la société d’histoire de Comines-Warneton et de sa région, année 1980, tome X, fascicule 1

– Histoire chronologique, politique et religieuse des seigneurs et de la ville de Comines, par l’Abbé L.J Messiaen, 1892.

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Les statues de l’église Saint-Chrysole de Comines

Au cours de notre promenade, vous avez déjà pu admirer quelques statues, mais l’église en recèle d’autres. Certaines de ces statues sont un trait d’union entre l’ancienne église et celle que vous êtes en train de visiter. Et, au-delà de l’aspect purement artistique, ces œuvres témoignent aussi de la foi des Cominois.

Les statues de Saint-Antoine et de Saint-Roch sont parmi les plus anciennes. Elles ont été offertes à l’église par des Cominois et elle avaient orné l’église provisoire aménagée pendant la guerre. Celle de Saint-Joseph, actuellement placée à droite dans le narthex, est reconnaissable grâce à la hache que porte le charpentier portant Jésus dans les bras.

La statue de Jeanne d’Arc qui se trouve à gauche de l’entrée a été achetée par la paroisse. On identifie facilement la sainte à son armure et à son drapeau. Lorsqu’elle fut bénie, le 5 décembre 1920, cette statue était haute en couleurs. Mais en 1962, elle fut repeinte en gris, et plus personne n’a revu les teintes d’origine.

Toute proche, se dresse la statue de sainte Catherine d’Alexandrie, qui est vénérée à Comines depuis le XIVe siècle. Depuis le moyen-âge, l’industrie du ruban s’est beaucoup développée à Comines, qui était d’ailleurs, au début du XXe siècle, la capitale mondiale du ruban utilitaire, Or sainte Catherine est la patronne des lingères, des couturières et des rubaniers, et ceux-ci la fêtaient donc chaque année avec ferveur.

À la droite de l’entrée, dans le coin, vous pouvez aussi admirer la statue de Saint-Éloi, qu’on reconnaît à sa clé et à son marteau. Patron des orfèvres et des agriculteurs, il est lié à l’histoire de Comines, car c’est lui qui, à l’époque où il était évêque de Tournai, fit exhumer le corps de saint Chrysole, ayant eu connaissance de la vie et du triomphe de ce saint martyr. C’est donc grâce à saint Éloi que les reliques de celui-ci furent exposées dans une châsse d’argent. La statue de l’évêque a été bénie 1924 ; elle en remplace une autre qui n’existe plus et qui datait de 1875.

Cette année-là fut aussi offerte à l’église Saint-Chrysole la statue de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Près de la Chapelle de Notre-Dame de Lourdes, est aussi installée celle de Bernadette Soubirous. Cette œuvre a été offerte par la famille Debunne après la Seconde guerre mondiale.

Enfin, dans la chapelle mortuaire, au rez-de-chaussée du clocher, vous pouvez admirer une émouvante Pietà. Un temps installée sur le côté gauche de la nef, elle représente Marie en Vierge douloureuse, tenant dans ses bras le corps de son fils descendu de croix. Le regard de Marie est particulièrement marquant : elle semble prostrée, en proie à une douleur au-delà du supportable. Et c’est sans doute ce que ressentait aussi la famille Jules Pilate-Surmon quand elle a offert cette œuvre d’art à l’église Saint-Chrysole, en souvenir de son fils Lucien, mort au combat en 1939.

Certaines statues que vous pouvez admirer dans l’église ont parfois changé d’emplacement. C’est le cas de celles de Jeanne d’Arc et de Saint-Éloi. On envisage de restaurer certaines statues et de leur rendre leurs couleurs d’origine.

 

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L’autel du Sacré-Cœur, dans l’église de Comines

L’autel du Sacré-Cœur date de 1933, et il est une offrande du Doyen Lamstaes à l’église. Fait de marbre, il ne diffère de l’autel de Notre-Dame de Lourdes, situé de l’autre côté du transept, que par la couleur des bandes insérées dans le marbre gris.

L’autel soutient la statue de Jésus, vêtu d’une tunique et d’une cape. Celui-ci est représenté selon un modèle iconographique très fréquent au XIXe siècle : la tête penchée en avant, les bras ouverts pour accueillir le fidèle. La cape ouverte révèle le Sacré-Cœur du Christ. Serti d’une couronne d’épines surmontée d’une croix, ce cœur blessé est enflammé d’amour, et on le voit rayonner de charité pour ceux que Jésus accueille.

Aux pieds du Jésus, vous noterez une autre couronne d’épines, les armes de son supplice, et, par-dessus, le calice rappelant la communion au sang du Christ.

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Les tombeaux des seigneurs de Comines et leur chapelle dans l’église

Au mois de décembre 1925, on commençait les travaux préparatoires à la reconstruction de l’église, lorsque des ruines de l’ancienne collégiale, on vit apparaître des sépultures anciennes.

Il s’agissait des tombeaux conjugués de Jean Ier de Comines, dit Jean de La Clyte, et de Jeanne de Ghistelles, sa deuxième épouse.  Les archéologues qui les étudièrent furent alors très étonnés par la fraîcheur des motifs polychromes dont les sarcophages étaient ornés. Le travail du fresquiste qui avait décoré les tombeaux était absolument admirable, et la valeur de cette œuvre d’art funéraire médiévale était incontestable.

Ces tombeaux ont alors été conservés dans un entourage de béton, en attendant la création d’une chapelle sur le côté de l’église. Aujourd’hui, on peut d’ailleurs constater l’accès prévu à cette chapelle à côté de la statue de Saint-Pierre. Malheureusement, tout cela n’est resté qu’à l’état de projet, et les tombeaux abandonnés sans entretien depuis leur découverte se sont complètement dégradés. Il n’en reste plus qu’un cube de béton moussu visible dans le jardin public, et des calques relevés sur les fresques et réalisés en 1930 par l’architecte cominois Daniel Leleu. Ses dessins exécutés à l’échelle des originaux et teintés avec soin et numérisés depuis permettraient de reconstituer, si on le décidait, les tombes polychromées .

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